25/10/2009

Aikitaiso dynamisants

Les mouvements les plus connus sont l’exercice du rameur que nous pratiquons de temps à autre, ou le "jeter de ballon" vers le haut ou vers le bas, en fait destinés à travailler les énergies du ciel et de la terre (les enfants apprécient grandement ces mouvements). On y inclut également les chutes et les déplacements. Ayant supprimé toute force dans le ventre, il faut pourtant que tout mouvement naisse à partir de ce centre. En d’autres termes, l’esprit du mouvement, son origine est dans le centre de l’homme (union de l’Esprit et du Corps). Cette notion est différente de la volonté qui consiste en une union de l’esprit en un sens déterminé, qui rend le corps extrêmement fort, mais uniquement dans ce sens. Elle est différente également de la contraction qui est une union du corps qui en fait un ensemble homogène mais particulièrement fragile et instable. 
Pour sceller cette union Esprit-Corps seul le mouvement de l’esprit est source de stabilité. Il faut donc envoyer beaucoup d’énergie à partir de votre centre, dans votre mouvement. 
Dans les méthodes religieuses, cet artifice est réalisé par une forte intention mentale. Dans l’exercice du rameur nommé TORIFUNE, on imagine ramer sur un bateau pour traverser un fleuve, on laisse la vie réelle de tous les jours derrière soi et on se met en état « aiki ». Plus la berge opposée se rapproche, plus votre enthousiasme s’exprime à travers votre rythme qui s’accélère. On peut y inclure des sons, qui verbalisent, qui actualisent et quantifient cette dissipation d’énergie. Cet exercice est interne, travail conscient et solitaire de chaque individu.
 

 
O Sensei en torifune
 
L’union des sons produits à plusieurs, renforce cette sensation. La quantité d’énergie dissipée est proportionnelle à la réalité et la force de conviction de votre image mentale. Cette image peut être bien sûr changée à volonté, en gardant toutefois un but à atteindre, devant soi. Vous pouvez arriver au même résultat en imaginant très fort bêcher une parcelle de terrain, en allant de plus en plus vite lorsque vous approchez de la fin. Cette image est moins plaisante, moins poétique, moins mystique mais tout aussi efficace. Dans les méthodes pragmatiques, il faut simplement envoyer de l’énergie, du Ki. C’est un moyen de tester le maintien du centre en bougeant le corps. Il est relativement facile de maintenir son centre en statique, mais plus difficile de le maintenir en mouvement. C’est pourtant là la condition essentielle pour le travail de l’Aikido. En tout bon pragmatisme, on doit tester la stabilité produite par cette projection d’énergie hors de son corps. Un partenaire peut donc, en fin de course saisir vos mains et les tirer ou pousser légèrement et ainsi rendre compte de la qualité de votre stabilité. Vous êtes alors immédiatement fixé sur la réalité de votre pratique et par la même sur la quantité d’énergie libérée dans votre exercice. Il en est de même pour le "lancer de ballon", qui suit le même principe avec un rythme différent, plus explosif. Ces mouvements de circulation énergétique peuvent être alternés par l’exercice FURITAMA qui consiste debout les yeux fermés, calme, à secouer ses mains jointes devant son ventre.

 
O Sensei en furitama

Dans les méthodes religieuses, il représente un moyen de se mettre en harmonie avec la ou les vibrations de telle ou telle divinité ou simplement celles de l’univers. Dans les méthodes pragmatiques, il peut être représenté comme quelqu’un qui secoue un sac de billes pour que chacune trouve sa place la plus basse : son poids en dessous. Toutes les parties du corps, par ce mouvement vibratoire, trouvent alors leur position relaxe la plus basse en conformité avec la pesanteur, la verticalité. Le point « force zéro » se concrétise alors. Ils peuvent être clôturés par le Kiaï. La force de ce Kiaï n’est pas dans la puissance en décibels de votre voix, mais dans son origine : le centre, le ventre et dans sa qualité. Le Kiaï est l’expression explosive de l’union de votre quantité d’énergie (Ki) et de sa qualité (respiration : Kokyu). Ce Kiaï est l’actualisation la plus pure de l’efficacité de l’Aikido : Ko Ryoku. L’union du Ki et du rythme respiratoire : fondement de la réalisation de toute technique de l’Art Martial : Aikido. C’est lui qui signe la réalité des fonctions d’Atémi et d’Irimi. Cette pompe mise en fonction, l’énergie circule abondamment et augmente le Pouvoir Vital, la Puissance Vitale : Kiryokyu. 
Les déplacements : 
Ces déplacements sont représentés par Irimi, Tenkan, Taisabaki . Ils peuvent s’effectuer avec ou sans frappe, avec ou sans armes, dans une ou plusieurs directions géométriques, et à différents rythmes. 
Ils ont tous un point commun : une position de départ et d’arrivée correcte compatible avec l’exercice correct de l’Aikido : Kamae. 
Leur but est double : 
-Entraîner l’esprit à projeter de l’énergie (Atémi) et à actionner le corps dans son sens (Irimi ; Tenkan)
-Entraîner l’esprit à changer très rapidement de direction énergétique (Combinaison d’Irimi et de Tenkan : Taisabaki). Ceci avec des phases différentes en rapidité physique et mentale : Sokudo.
Si le corps est obligé pour se déplacer d’un point A à un point B de prendre tous les états intermédiaires, il n’en est pas de même pour l’esprit. C’est cette faculté qui est développée dans les déplacements. En d’autres termes, dans ces actions, l’esprit doit être déjà positionné là où le corps va se rendre. C’est en quelque sorte "tracter le corps par le Ki". Votre mouvement est alors empli de Ki. 
Taisabaki est un déplacement constant dans les Aikitaiso. La position de ce déplacement dans la préparation de l’Aikido n’est pas un hasard. Son exécution rectiligne en fait un exercice de préparation spécifique Aikido. Ce déplacement exerce l’esprit à changer rapidement de direction sans intermédiaire. C’est une véritable volte face de la direction d’action de l’esprit puisqu’il se fait à 180 degrés. En s’exerçant à ce déplacement, on acquiert la possibilité de changer son esprit et donc l’action de son corps à l’inverse, un peu comme facilement on doit retourner une médaille, et passer en une fraction de seconde du côté pile au côté face. Il actualise cette volte face en passant de Irimi à Tenkan. On peut alors "s’amuser" avec son esprit et son corps (coordonnés) à couper l’espace en deux en quatre ou en huit directions. 
Dans la vie quotidienne : 
Pour reprendre une image de Maître Tohei, la vie ou ses événements peuvent être vus comme les deux faces d’un mur.

 
Tohei Sensei

Un côté est ensoleillé agréable et chaud, l’autre humide et froid. Dans sa vie, une personne peut se plaindre en permanence de sa santé, de sa position sociale, ou des malheurs qui l’accablent. Ce n’est là qu’une disposition d’esprit froide et humide. Faire Taisabaki, consiste à changer la direction de son esprit à 180 degrés, faire volte face, sauter le mur pour vivre du côté ensoleillé. La vie devient alors agréable, positive et les éléments accablants s’éloignent. L’expérience en effet montre qu’une énergie positive attire des événements positifs, et que le Ki négatif auto-génère des événements malheureux, désastreux. Un individu chargé de problèmes peut s’alcooliser, abîmer sa santé, sa famille qui à terme va le quitter et augmenter plus encore ses problèmes. Vous revenez de chez le médecin qui vient de vous apprendre que vous aviez un cancer. Vous pouvez alors vous considérer comme vaincu par la maladie, ou le lendemain matin décider de la vaincre. Maître Tamura dit lors des exercices dynamisants : "Selon que vous y croyiez ou pas, le résultat ne sera pas le même". Croire est un terme religieux, Etendre le Ki est le terme pragmatique. Ceci n’est pas de la magie réservée à certains initiés, mais une faculté psychosomatique que tout le monde possède, et qu’il convient de renforcer de réveiller de façon somato-psychique par l’exercice des Aikitaiso dynamisants et de l’Aikido en général. 
 
 
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