16/01/2012

La voie de la disgrâce

J'apprécie vraiment les livres d' Olivier Gaurin, aikidoka français vivant maintenant au Japon. Les textes sont toujours très précis sans être dénués d'humour. Des trois livres que j'ai en ma possession, je ne pourrais dire lequel est mon préféré car ils sont tous les trois bien différents. Disons que dans le troisième, le chapitre kokyu-ho m'a moins intéressé, au contraire des compte-rendus des cours de Sasaki Sensei, un vrai personnage truculent que j'aurais aimé connaître.

Il gère également un site sur lequel il poste régulièrement des articles bien chouettes à lire.
Olivier Gaurin a été interviewé par Guillaume Erard, un autre pratiquant français domicilé au japon et dont je suis également le blog avec grand intérêt. Dans cet interview, on peut découvrir les débuts de sa pratique, sa rencontre avec Christian Tissier ainsi que son arrivée au Japon qui lui a permit d'étudier avec des géants tels Kisshomaru Ueshiba, Arikawa Sensei, Osawa Sensei ou Yamaguchi Sensei.

Cet entretien est vraiment intéressant à plus d'un titre, en particulier sur sa vision de notre art. J'ai beaucoup aimé le passage traitant de la "voie de la disgrâce" dont voici un extrait :
"Il y a trois façons de faire au Japon : soit on suit un Senseï et on devient un peu son alter ego au niveau de l'idée que l'on se fait de l'Aïkido ; soit, comme moi, mais très peu le font, car c'est assez ingrat, on adopte ce que les Japonais appellent La Voie de la Disgrâce ["Fuhyô no Michi" (不評の道), ou : "la voie de l'imopularité"]. Il s'agit de suivre le plus de Senseï possibles, sans être directement affilié, sans être reconnu, et on se construit par rapport à toutes ces informations contradictoires que l'on obtient. La troisième voie est un mélange des deux : on suit un Senseï en principal, comme d'un mentor techniquement exclusif, et les autres Senseï… en forme d'application de pratiques. A mon sens je pense que c'est cette Voie de la Disgrâce est la plus intéressante au niveau technique ou éthique, parce que comme on suit des enseignements contradictoires, on reste très longtemps sur la tangente de ce que j'appelle : l'appropriation, sans entrer dans son travers. C'est-à-dire sur la tangente de la mise sous tutelle technique absolue, dictatoriale du "Moi j'ai raison, les autres ont tort"".
Cela m'a bien parlé…

En savoir plus :
L'interview d'Olivier Gaurin
Le site d'Olivier Gaurin
Le site de Guillaume Erard
Entretien sur Aikido Journal
Les photos proviennent du site de Guillaume Erard.

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