14/07/2018

Pont-Aven 2018 : Mobilisations, Kenbiki et vibrations humaines

2018 fut pour moi l’occasion de participer à mon deuxième stage Shiatsu à Pont-Aven et ce sous la houlette de Stephane Vien.Le Thème étant les Kenbikis et les mobilisations passives.
Ce magnifique endroit s’affirme au fil du temps comme le lieu indispensable de rendez-vous pour les stages de qualité et pour les praticiens désireux d’améliorer leur savoir afin de le retransmettre aux receveurs lors de leurs séances.

Cela est dû sans aucun doute aux incessants efforts de notre hôte Vonnick Le Berre qui d’infatigable façon travaille à la qualité des intervenants mais également à l’organisation et à l’accueil d’élèves toujours plus nombreux, 136 pour cette édition…


Si le stage précédent sur la posture (suivi également à Namur) faisait appel à pas mal de théorie, à l’application des points des méridiens et à plusieurs concepts grandement intéressants jusqu’à arriver à un travail que l’on pourrait qualifier de « spirituel », ces quatre jours allaient se dérouler tout à fait autrement.

Un peu d’histoire (source : Stephane Vien)
Lorsqu’on regarde comment les textes classiques décrivent les méridiens et leurs trajets, on réalise rapidement que ces écrits utilisent souvent la comparaison entre le système des méridiens et la présence de l’eau dans la nature. On y retrouve fréquemment l’idée de rivières et de canaux, pour dépeindre les méridiens, de lacs profonds pour décrire les merveilleux vaisseaux et même d’un océan d’énergie pour désigner la région du Hara.
Dans la nature, l’endroit où la rivière courbe fortement se forme « un coude ». À cet endroit distinct, le courant y est naturellement diminué, ce qui permet l’accumulation graduelle de nutriments et l’éclosion d’une multitude de formes de vie, mais également, la rétention d’une quantité importante de sédiments. Cette description utilisant le mouvement de l’eau dans le cadre naturel, s’applique très bien au phénomène de la circulation énergétique des méridiens sur le corps, particulièrement lorsque ceux-ci croisent les articulations majeures.


En effet, à proximité des articulations, la circulation du Ki dans les méridiens a une tendance naturelle à ralentir sa cadence, à devenir plus lente. Ce qui entraine parfois une stagnation du Ki à l’emplacement précis de ces articulations.  La nature ayant bien fait les choses, elle s’est assuré de positionner à ces endroits stratégiques, un nombre accru de tsubo, assurant ainsi un maximum de stimulation afin de soutenir la libre circulation du Ki entre les membres et le corps.
Un autre mécanisme important afin de soutenir cette libre circulation du Ki tout le long du parcours des méridiens est qu’entre l’extrémité des doigts et le coude, ainsi qu’entre l’extrémité des orteils et le genou, l’énergie est plus superficielle et change fortement de polarité pour passer du Yin vers le Yang  et vice et versa. Ce changement de polarité est donc un autre processus fort utile afin d’assurer le dynamisme du mouvement énergétique dans l’ensemble du corps.
Cette forte polarisation explique pourquoi les tsubo de ces régions ont une si forte influence sur toutes les fonctions de l’organisme et peuvent être utilisés pour influencer positivement la circulation énergétique globale du corps.
Les mobilisations passives et le kenbiki des articulations sont des moyens simples et agréables de stimuler ces points d’énergie essentiels et de mobiliser ainsi la circulation du Ki, premièrement dans les articulations elles-mêmes puis, par la suite, par l’entremise du parcours des méridiens dans la globalité de l’organisme.

Que sont les mobilisations passives? (source : Stephane Vien)
L’utilisation des mobilisations passives vise à augmenter l’amplitude articulaire des articulations par l’emploi de manœuvres douces et graduelles, ceci sans aucune participation volontaire du receveur.
Le résultat de ce travail articulaire est souvent un meilleur alignement des composantes osseuses, une plus grande mobilité globale et une meilleure circulation énergétique, sanguine et lymphatique.

Que sont les Kenbiki? (source : Stephane Vien)
L’approche Kenbiki est considérée comme une composante importante du massage traditionnel au Japon. Elle consiste à utiliser des mouvements souples et rythmés composés de balancements, d’oscillations et d’étirements, visant la remise en mouvement du Ki stagnant dans les articulations et les structures anatomiques. Même si l’application des Kenbiki est très douce, elle entraine un relâchement en profondeur des tensions et raideurs corporelles, permettant souvent des changements profonds et durables.
Le Kenbiki ne travaille pas directement sur les méridiens mais sur les structures le long de leurs parcours.

Le stage en lui-même
Comme écrit plus haut, ce fut un stage différent dans le sens où l’accent fut mis sur une pratique intensive, le tout par des températures avoisinant les trente degrés (rare en Bretagne…).
Suivant Stephane, nous avons donné environ cinq Shiatsu par jour et reçu tout autant.
Pour ma part, c’était assez physique et très souvent les phrases de quelques maîtres me sont revenues en tête : « Le donneur est aussi important si pas plus que le receveur ».
J’ai compris le sens de cet adage de par cette pratique intense.
Si le donneur n’est pas en bonne santé et en bonne condition, le Shiatsu sera un peu comme une coquille vide.
De par ce travail de « gladiateur Shiatsu », nous avons pu percevoir toute la richesse et les bienfaits de la matière proposée et améliorer notre « endurance » de shiatsushi.
Comme à chaque fois, nous avons pu recevoir de multiples explications lors des « démonstrations » qui étaient très précises et ensuite tenter de reproduire les gestes sous la conduite de Stephane et de ses deux géniales assistantes, Laura et Martha.
Pour celles et ceux qui étaient un peu loin ou dans un mauvais angle, un écran géant était placé et suivait les effets d’une caméra très bien gérée.
J’ai trouvé que cette manière de faire nous permet d’assimiler au maximum ce qui est proposé.

Ce que j’en ai retenu
Lors de ma formation, j’avais pu « entrevoir » ou « apercevoir » cet aspect de travail mais cela s’est limité tout au plus à une page A4 et à quelques heures de façon « basique », ce qui est un peu normal au niveau école.
Je suis donc heureux d’avoir pu étudier cela de façon approfondie.
Et j’ai trouvé cette matière vraiment géniale et très bien construite.
Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur le sujet.
Jour 1 : Après une partie théorique assez brève, nous étudions déjà un traitement Kenbiki qui sera revu plus profondément en dernière journée.
L’après-midi sera consacrée aux mobilisations passives de la nuque, une matière que je n’apprécie pas vraiment étant sujet à de grandes tensions à cet endroit. Pourtant, la façon d’amener et de procéder a fait que j’ai apprécié finalement cette partie.
Jour 2 : Comme toujours, Stephane commence la journée par des questions/réponses et même si celles-ci ne sont pas toujours en rapport, il y répond toujours avec le professionnalisme qu’on lui connaît. Par la suite, nous passons à l’étude du vaisseau gouverneur et aux points du dos du méridien vessie pour terminer par l’étude des Kenbikis et manipulations passives du rachis. L’après-midi, nous revoyons la matière vue jusqu’à présent.
Jour 3 : Questions réponses et ensuite étirements des membres supérieurs, traitement de la ceinture scapulaire et des épaules.
L’aprés-midi est consacrée au traitement de l’omoplate.
Jour 4 : Kenbiki et manipulations des membres inférieurs et des hanches.

Le retour dans ma pratique
Evidemment, il ne sert à rien d’étudier sans pouvoir retransmettre et je pense que les futures séances seront grandement axées sur ce que j’ai vu.
Tout dépendra des « pathologies » bien sûr et également des personnes mais une nouvelle voie s’est ouverte et je suis certain que cela va rendre mon Shiatsu bien meilleur.
Un nouveau chemin qui, je pense, mariera Kenbiki, mobilisations et travail des points, un peu comme des katas. Autre ouverture, autre porte…
Ca existe déjà mais j’en entraperçois déjà d’autres dans ma tête.
Je vise là en particulier les Kenbikis qui m’ont plus parlé et qui peuvent amener non seulement vers d’autres concepts mais aussi à une grande relaxation du receveur, ce que j’ai pu tester au cours de ces quatre jours.
De par cette relaxation, tout devient plus accessible, on dirait que les méridiens sont étirés et plus visibles. On peut également voir les blocages ou les tensions chez notre receveur, les difficultés à faire tel ou tel geste ce qui entraînera probablement d’autres effets comme des déséquilibres articulaires, musculaires mais aussi énergétiques.

Vibrations humaines
Un stage comme cela, c’est du travail, de la pratique mais aussi l’occasion de revoir ou de rencontrer des personnes partageant le même intérêt. Stephane Vien arrive à fédérer tout ce beau monde autour de sa « proposition », son « livre à lui » comme il dit et ce quelque soit l’appartenance à tel ou tel courant ou encore école.
Il est rare de rencontrer quelqu’un qui n’essaye pas d’imposer ses idées mais qui plutôt vous présente un panier dans lequel vous pouvez puiser ce qui vous convient.
Vibrations donc de pratique mais aussi humaines car ce stage fut à nouveau l’occasion de partager des moments d’exception avec des personnes formidables que je ne pourrais pas toutes citer ici.

Merci Vonnick, la dame de coeur

Simplement, merci à toutes et à tous, merci à Vonnick pour l’organisation parfaite et l’accueil toujours chaleureux et un immense merci Stephane pour ton enseignement magique et ton amitié.
A dans deux ans sans aucune hésitation!

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