07/01/2017

Préhistoire

Dernièrement, mon ami Issei Tamaki a publié un post sur Maître Tamura, un texte qui m’a beaucoup touché. Et qui m’a ramené vers des souvenirs.

Tamura Sensei par Helene Rasse

Souvenirs de stages passés avec lui, des kilomètres dans la voiture pour aller un peu partout, les arrangements pour aller suivre les formations enseignants sous sa houlette avec mes amis de l’époque, les partages de chambres, les longues heures de pratique, les techniques paraissant faciles et pourtant bien difficiles, les réunions que nous trouvions barbantes, les petits yeux du matin après les nuits de fête et les légers malaises qui nous accompagnaient sur le tatami après avoir un peu bu la veille…
Mais surtout, le regard, son regard, tel un aigle et lorsqu’il vous saisissait, tout était fini, tout était dit.
Bien sûr, il pouvait passer de cet état à un sourire des plus merveilleux, cela reste gravé dans ma mémoire. Et même si je n’étais pas un de ses proches élèves, il a énormément compté dans mon modeste parcours.
Aujourd’hui, il n’est plus là déjà depuis presque sept années, sept années au cours desquelles l’Aikido a bien changé. Les grands noms tels les senseis Tamura, Sugano, Chiba, Kanai, Arikawa, etc. ont été remplacés par d’autres quidams avec, avouons le,  quand même une aura moindre et des gestes qui vont, je trouve à mon humble niveau, vers des stéréotypes.

Kanai Sensei

Les noms occidentaux suivent le même chemin. Evidemment, il reste encore des grands de la belle époque.
Mais de l’époque où on pouvait compter les Shihans non japonais sur les doigts de la mains, ceux-ci se sont multipliés comme les petits pains et on en trouve maintenant sur tous les continents, les pays avec même parfois des appellations contrôlées comme Shihans nationaux ou juste fédéraux.
Les affiches glorieuses du passé ont fait place à des noms souvent inconnus (comme le mien 😉 par exemple ).
Et souvent, je parle de Tamura Sensei lors de mes petits cours, il faisait ceci, il faisait cela, et je vois alors les gens me regarder étrangement comme si je parlais martien.
Sept ans, c’est peu pour les personnes arpentant les tatamis depuis longtemps mais beaucoup pour les personnes débutantes ou moins avancées.
Il n’est donc pas étonnant que je passe pour un gentil rétrograde.

Kochi Tohei Sensei

Et là c’est juste en parlant de Maître Tamura, je ne vous fais pas la description lors de discours sur Kochi Tohei Sensei qui a encore moins de nostalgiques…(à part une chère visiteuse non pratiquante qui savait de qui il s’agissait!).
Remarquez qu’il m’arrive la même chose aux cours enfants lorsque je leur parle de trucs de ma jeunesse quand même bien lointaine et même le Marsupilami ne fait plus recette.

Oui, voilà, j’ai l’impression d’être préhistorique et même aussi dans mes attitudes.
Certaines phrases me paraissent irrespectueuses envers des plus anciens, je n’apprécie pas les trahisons, je tiens à la parole donnée, j’ai un concept de fidélité à l’école, je fais des remarques aux parents spectateurs si ils mangent ou si ils jouent avec leur portable pendant le cours, j’enlève mon couvre-chef quand je rentre dans un dojo, je dis et j’écris souvent ce que je pense sans prendre trop de gants et je salue à tout va même lorsque je quitte le dojo et qu’il n’y a plus personne ou quand je ne donne pas cours.
Un vrai homme de Cro-Magnon! Ah et finalement çà ressemble à mon nom… 😉

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