01/03/2015

Replay : Nettoyer le Dojo

Lors du stage de Poitiers, un élément avait retenu mon attention, outre bien sûr les bons moments passés ensemble sur le tatami et en dehors.

Même le prof...

Même le prof…

Je voudrais parler ici du nettoyage du dojo effectué avant et après les cours, une attitude qui se perd de plus en plus car souvent les pratiquants arrivent à la dernière minute et repartent si tôt le cours terminé.
Cela m’a rappelé le Shumeikan où le dojo était nettoyé quasi de fond en comble après chaque keiko. Pour ma part, je me modernise puisqu’un Swiffer trône fièrement dans ma trousse d’armes 😉 et qu’il m’arrive plusieurs fois par an de désinfecter les tatamis, histoire que nos petons restent en bonne santé.

Des anciens respectueux de la tradition

Des anciens respectueux de la tradition

J’avais publié un article à ce sujet il y a quelques années, le voici en replay.
Le nettoyage du dojo fait partie des principes de base que tout pratiquant d’art martial se doit de connaître. Il permet de conserver un endroit propre, mais aussi d’amener le pratiquant à l’humilité. C’est donc un acte essentiel, qui s’est souvent perdu dans nos dojos.
Tamura sensei raconte parfois qu’il avait beaucoup appris lorsqu’il était de corvée de nettoyage des sanitaires. Derrière cette déclaration il ne faut pas voir un goût particulier pour la serpillière, mais plutôt une explication importante du rôle du nettoyage dans un dojo. De nos jours, combien de pratiquants d’aïkido ont déjà, ne serait-ce qu’une seule fois, passé le balai, l’aspirateur, la serpillière, tapé les tatamis pour en chasser la poussière ? Très peu…
japanese_aikijutsu_dojoUn petit nombre issu des dojos traditionnels peut être. Il suffit d’aller dans un dojo au hasard d’une ville pour apercevoir des moutons dans les coins, des saletés sur le tatami, ou un vestiaire avec des traces de chaussures. C’est indigne d’un dojo d’art martial qui est un lieu d’études et d’efforts, où le corps transpire, où les poumons respirent à plein régime. Le nettoyage devrait donc être le premier cours d’aïkido de l’année.
Il ne faut pas pour autant blâmer les enseignants du manque d’entretien des dojos, car généralement ce sont eux qui en sont les plus conscients et qui le regrettent le plus. La raison est souvent la suivante : le dojo est situé dans un centre sportif, un gymnase municipal, une association multidisciplinaire, etc. L’entretien n’est donc pas de leur seule responsabilité, surtout quand une salle doit être partagée tout au long de la semaine entre plusieurs cours différents. C’est pourquoi il est du devoir de l’enseignant de réclamer au propriétaire des lieux un nettoyage de la salle aussi souvent que possible.
japanese_dojoPour le reste, il faudrait peut-être réapprendre aux élèves le goût du nettoyage, car celui-ci a des nombreuses vertus. Outre la propreté, le fait de nettoyer permet à celui qui le fait de se sentir mieux. Qui n’a pas eu la sensation d’être plus propre à l’intérieur une fois qu’il a fini de laver sa maison ? Cela lui permet également de développer une énergie positive vis-à-vis de son dojo et de s’en sentir membre bien plus que s’il ne fait que venir suivre des cours. Un dojo n’est pas une cafétéria self-service. Déplacer les objets pour nettoyer, puis les remettre en place permet aussi de développer l’attention. dojo1Laver un plancher, balayer ou aspirer un tatami, nettoyer les vitres, demande un effort qui est un bon exercice physique en soi. Enfin, laver les toilettes et les douches derrière ses partenaires de pratique n’est jamais agréable. Cela demande de se rabaisser au niveau de ce qui ne sent pas bon, de ce qui dégoûte parfois. C’est là un travail d’humilité qui ne peut être que bénéfique à tous les pratiquants afin d’éviter les égos surdimensionnés.
Pour toutes ces bonnes raisons, le nettoyage doit (re)devenir la pratique numéro une, au début du cours et/ou à la fin du cours. Lorsqu’il est fait à tour de rôle et expliqué d’une manière positive, il renforce la cohésion et l’investissement des pratiquants autour de leur dojo. De plus, il donne une image de la qualité de l’enseignement dispensé dans le dojo pour les pratiquants de passage, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour l’enseignement.

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