27/04/2010

Huit et neuf…

La science des nombres a souvent joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’humanité et à fortiori dans celle des arts martiaux.
Un exemple de l’utilisation symbolique des nombres et des formes se trouve dans le jeu multi-séculaire de la marelle (on en trouve trace depuis le XIIè siècle au moins) dans lequel il s’agit bien d’aller de la terre au ciel, à cloche-pied pour trouver le bon «équilibre», en jetant et ramassant « sa pierre » (le terme de marelle vient de méreau : jeton, pierre), allant puis revenant et repartant, dans un espace formant une croix dessinée au sol par des carrés successifs, le ciel « final » étant semi-circulaire.

marelle

En résumé : le chemin de la vie spirituelle portée par le corps, se pénétrant des quatre directions, suivant une voie emplie de symboles reliant l’homme à la création divine. Les chiffres ont ici un sens : les marelles comportent 8 ou 9 « cases », il s’agit d’aller en progressant d’étape en étape, mais pour éviter tout orgueil de revenir à chaque fois à l’origine. Le 8 ou le 9 atteint, on ne peut parvenir au monde céleste, à la plénitude de l’univers, qu’en revenant encore une fois à l’origine. En effet croire que le 8 (chiffre de la perfection) ou le 9 (la perfection de la perfection) sont un aboutissement, serait une erreur. 
Il est bon de noter que le 9 multiplié par n’importe quel autre chiffre ou nombre ne donne que lui-même (9×5=45 -> 4+5=9 ; 9×142=1278 -> 1+2+7+8=18 -> 1+8=9…) : c’est une perfection qu’il faut dépasser ou elle devient enfermement sur soi. Pour cela il faut revenir au 1 originel et lui adjoindre le 0 de l’infini : alors s’ouvrent le portes de l’éternel et de la spiritualité. Le carré et ses directions marquées laisse la place au cercle à la fois multidirectionnel et sans directions marquées partant du centre.

marelle-jeu

Il est frappant de voir dans les théories de l’ancienne arithmosophie (la sagesse des nombres) une similitude avec ce que Tamura Senseï écrit sur le sens des grades en Aïkido. On peut également y distinguer "l’esprit du débutant", le "Soshin", croyant être arrivé au faîte de l’art, tout recommence…dès l’origine.
Cette forme de pensée occidentale, est peu connue du grand public. La raison en est qu’elle a complètement disparu. Il en reste cependant de nombreux vestiges que la plupart d’entre nous ne savent déceler. Elle offre des points de comparaisons intéressants avec la culture extrême orientale traditionnelle malgré les différences fondamentales de conception de l’Univers.
Il en reste cependant des traces autour de nous qui peuvent être sources de réflexion actuelle.
Inspiré d’un article paru dans Seseragi

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