04/07/2009

Oni yarai

De toutes les calamités contre lesquelles le japonais doit défendre sa maison, une des principales résulte de l’action des diables ou "oni". Ce sont eux qui provoquent toutes les mésaventures et les pires maladies, c’est pourquoi la veille de chaque nouvelle année ou plus exactement la nuit qui termine l’hiver et commence le printemps (que l’on nomme Setsu-bun), ces êtres malfaisants sont chassés des maisons à l’aide d’une cérémonie répondant aux noms de "Oni yarai" ou "tsuina".

oni 

Cette cérémonie est exécutée par un professionnel "chasseur de diables" (yaku arai) qui va de maison en maison, armé d’un bâton à anneaux (shaku jo) soit par le chef ou le fils héritier de la famille.
En même temps qu’il prononce l’invocation "oni wa soto, futu wa uchi" (que les diables sortent, que le bonheur entre), le chasseur sème autour de lui des pois grillés (kuro mamé) et les diables les plus tenaces fuient devant cette mitraille.

 setsubun

Pour empêcher le retour de ces indésirables, on attache à chaque porte d’entrée un talisman composé d’une branchette de houx et d’une tête de sardine sèche. Cet ornement reste souvent accroché pendant presque une année et s’appelle "iwashi".
Dans les temps anciens, un cérémonial imposant suivait dans le palais impérial la cérémonie d’"oni yarai" à laquelle assistait toute la cour. Un homme habillé en diable devait fuir devant ses poursuivants à travers les jardins et les nobles, assis dans les tribunes, lui lançaient des flèches de roseau tirées par des arcs en bois de pêcher…

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Dans l’art japonais, l’"oni yarai" est fréquemment représentée dans tous ses détails, mais plus souvent encore, il est simplement évoqué par quelques objets, comme la boîte aux pois dans laquelle un "oni" épouvanté veut se cacher, un chapeau avec quelques pois dessus et sous lequel un diablotin chherche abri, une tête de sardine avec des feuilles de houx, etc. Dans les troupes comiques, on voit des dieux du bonheur remplir l’office de chasseur ou bien encore c’est la déesse Uzu-mé, un singe ou un poulpe…
Les pois grillés éparpillés pendant la cérémonie "oni yarai" sont, d’après le dicton populaire japonais, des pillules efficaces contre le coup de foudre…

Setsu-bun no wamé wo
hatsu-den ni shoku seba
kaminari ni uratenu

Si, au premier coup de tonnerre
on mange des pois du Setsu-bun
on est épargné par la foudre
  

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