Un article paru dans le Flash Magazine de l'Association Francophone d'Aïkido sur le film tourné cet été. Film qui a été déjà vu plus de 5300 fois à ce jour.
Par Candice Vanhecke et Arnaud Beelen. Toutes les photos ©www.helenerasse.com
Moteur, ça tourne !
Capter l’âme, l’essence même de l’Aïkido en vidéo, tel est l’ambitieux projet auquel s’est attelé un petit groupe de passionnés l’été dernier. Car contrairement à d’autres arts martiaux qui comportent des postures préétablies (comme le Karaté par exemple), l’Aïkido ne devient visuellement parlant que dans l’action. En effet, seul le mouvement des corps capturé par une caméra est véritablement à même de révéler toute la complexité de l’Aïkido. La fine équipe des trois « S » (les dojo Shinbu, Suki et Sankaku) s’est donc mis en tête de rendre compte de la subtilité, de la justesse et de l’harmonie qui caractérisent l’Aïkido, en relevant le défi de produire un film à l’esthétique soignée, loin des clips vidéo assez « bruts de décoffrage » que l’on trouve habituellement sur Internet.
Le film
Préparation du tournage
Première étape: trouver le financement, les techniciens et le matériel nécessaires à un projet d’une telle envergure. Ce furent Arnaud et Hélène, deux routiniers de la production artistique, qui se chargèrent de cette mission. A la base, ils étaient dix à s’être embarqués dans l’aventure :les deux directeurs et producteurs artistiques, bien sûr, mais aussi Abdel, Nabil, Fred, Fouad, Ismail, Antonio, Karim et Stéphane, le maître du dojo choisi pour le tournage. Hélas, pour des raisons personnelles assez douloureuses, Karim fut contraint de se désister. C’est donc finalement à neuf qu’un matin du mois de juillet, tous se rendirent au dojo de Chaumont Gistoux, suivis de l’équipe technique et du camion transportant le matériel..
Action !
Une fois le matériel déballé et les ajustements techniques réalisés, le tournage put commencer. Les acteurs se mirent alors à évoluer devant la caméra par groupe de trois. Ce nombre fut retenu pour assurer l’intensité de chaque scène et éviter qu’il y ait des temps morts après les chutes. Chaque groupe, qui connaissait son programme sur le bout des doigts, avait entre six et huit techniques à exécuter. Mais pas question de tolérer la moindre approximation dans les mouvements. C’est pourquoi, comme pour n’importe quel film, il fallut plusieurs prises pour obtenir la scène voulue, tant du point de vue artistique que technique.
De l’aïkido jusqu’aux petites heures
Les quatre premières scènes tournées, certains commencèrent à s’interroger sur l’heure. Et pour cause : il était déjà 23 h et personne n’avait plus rien avalé depuis le milieu de l’après-midi. Heureusement, un barbecue installé à l’extérieur attendait nos aïkidoka affamés. Mais une fois la dernière merguez engloutie, direction le tatami. Au final, le tournage se termina vers 5 h du matin. Le tatami aurait bien fait office de lit d’appoint mais le moment de se glisser dans les bras de Morphée n’était pas encore arrivé : il fallait absolument ranger toute la salle ainsi que le matériel qui devait être ramené au studio. Ce n’est donc que vers 9 h 30 que chacun regagna ses pénates pour une bonne journée de sommeil.
La projection sur grand écran
Six mois plus tard, le groupe se réunit au grand complet dans les locaux de la société de post-production pour une projection privée sur grand écran. Tous allaient bientôt pouvoir admirer le fruit de leur détermination enfin finalisé. Car entre-temps, le film avait subi le traitement habituel de toute production audiovisuelle : montage des scènes, corrections numériques des images, mixage du son, etc.
Et le résultat final dépassa de loin les espérances de la plupart des participants.
Mission accomplie
Lorsque la volonté de tous tend vers un but unique, le résultat déçoit rarement. Tel pourrait être la maxime de cette merveilleuse expérience audiovisuelle qui a autant profité des talents professionnels de l’équipe technique que de la motivation des neuf acteurs. Ainsi, le traitement colorimétrique des images, qui rend le noir plus intense et les blancs lumineux, accentue la puissance qui se dégage de l’enchaînement des techniques. Le mixage du son est lui aussi remarquable : bruits de pas, de chutes et sons d’instruments à cordes introduisent une véritable tension dramatique à chaque séquence. Enfin, le recours à une caméra capable filmer 125 images par seconde (au lieu de 25) a permis d’inclure des ralentis et des accélérations qui donnent du rythme à chaque scène. En moins de 8 minutes, ces neuf mordus d’Aïkido ont réussi leur pari : réaliser un film qui ne se réduit pas à un étalage de techniques, mais qui permet surtout d’appréhender la force et la poésie qui se dégage de cet art martial.