23/09/2010

Le Losange

Imaginez un losange qui repose sur la pointe. Imaginez également que vous vous déplacez en ligne droite au milieu de ce losange, en partant de cette pointe du bas pour aller jusqu’à son sommet. Ce voyage peut être comparé à votre vie d’aïkidoka, pour ce qui est de la découverte de la technique. Le débutant à son premier cours a tout à découvrir, il ne connaît aucune technique, il est en bas du losange, au point zéro.

 

Au fil des années de pratique, il avance sur la diagonale, et plus il avance, plus il s’aperçoit que les bords s’éloignent de lui sur sa droite et sur sa gauche : il découvre les techniques dans leur diversité, chaque jour nouveau lui fait découvrir une technique nouvelle, un jour gokyo, un autre jour hiji kime osae. Il accumule les connaissances. Quand il arrive au centre du losange, c’est là que les bords sont le plus éloignés de lui. Chaque nom de technique éveille en lui de nombreux mouvements, réalisables sous de multiples formes d’attaque. Son panier est rempli. On a coutume de dire que cela correspond au 5ème dan, et qu’à ce niveau on maîtrise la technique (très objectivement, ce n’est pas l’impression que j’ai sur un plan personnel, mais si les Maîtres ont dit cela, on ne va pas les contredire…). Mais le pratiquant n’a fait alors que la moitié du chemin… Il entre alors dans la deuxième phase de sa découverte de l’aïkido : quand il a dépassé le centre du losange, et qu’il monte vers le sommet, il voit alors les bords se rapprocher de lui.

En d’autres termes, il découvre les similitudes entre les différentes techniques, et ne les perçoit plus dans leur différence, mais dans ce qu’elles ont de semblable. Il s’aperçoit que deux techniques qu’il croyaient foncièrement différentes finalement procèdent du même principe, et sont fort proches l’une de l’autre. Son aïkido se dépouille, il ne conserve plus que l’essentiel. Plus il avance, plus il fait la synthèse des techniques. Et un jour il arrive tout en haut, ce jour-là il a réalisé l’unité en lui. Il a oublié toutes les techniques pour n’en retenir plus que leur essence. Regardez les films de O’Sensei à la fin de sa vie. Il ne faisait quasiment plus de technique. Il absorbait son partenaire dans un tourbillon d’énergie et le projetait sans le toucher. Si le sommet du bas représente la vacuité de celui qui a tout à découvrir, le sommet du haut représente la plénitude de celui qui a réalisé l’unité de toutes choses. Entre les deux points, la route est longue, mais tellement passionnante…

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