20/09/2016

Grades et non-grades

Les derniers temps, je me retrouve confronté à ce vocable « les grades ».
Que ce soit des demandes de personnes s’inscrivant dans notre dojo ou de gens voulant m’inviter à donner stage chez eux ou également des textes qui florissent un peu partout sur le net. Le grade revient en force, dirait-on.
Souvenirs
J’avais publié il y a quelques années une réflexion sur les grades et cette gentille situation a fait que je me suis replongé dans cette lecture. Si ce que j’ai diffusé fait toujours écho en moi, beaucoup de choses ont changé depuis.
Je me rends compte que j’attache peu d’importance à celà et que je me présente plutôt comme la personne « Stéphane » plutôt que la personne « Dan ».

Examen Kishinkai

Examen Kishinkai

J’ai quand même réfléchi à l’approche et cela m’a remémorré quelques souvenirs, le dernier en date étant mon…dernier examen il y a plus de dix ans, le 3ème Dan Aikikai, comme cela vous savez tout 🙂
Je me souviens de ma « forme olympique » de ce jour là et des félicitations reçues du jury sur la justesse et l’engagement. Et également de la remise du diplôme des mains de Tamura Sensei qui avait du mal à dire mon nom et de mon trac à remonter les rangs devant 300 paires d’yeux.
Je me suis souvenu aussi de mon Shodan non réussi car…trop martial et où on m’avait dit que c’était un très bon examen de Ju Jutsu mais pas d’Aikido…
Et des entraînements « gladiateur » de mon prof de l’époque après cette déconvenue, de véritables camps commando qui allaient nous mener à l’examen devant Sugano Sensei en mode promenade faisant uke pendant les…trois heures de la séance en plus de notre propre examen et avec la journée de stage dans les pattes.
Oui, des souvenirs.
Par la suite, la motivation a courir derrière la carotte ne fut plus, peut-être était-ce du au système un peu « politique » à mon sens.

Examen Kishinkai

Examen Kishinkai

Pourtant, ceci ne fut pas la cause de mon éloignement du carcan « fédéral » car voilà le système est là, il faut le respecter. Cela fut plutôt du à mon attachement de plus en plus présent à d’autres enseignements comme ce qui allait devenir le Kishinkai.
Lorsque j’ai quitté l’AFA, je m’en suis d’ailleurs expliqué au Président qui a respecté ma décision, je ne suis certainement pas parti pour les grades mais plutôt pour « être en paix avec moi-même ». Je garde d’ailleurs énormément d’amis dans les groupements « officiels » et aussi du respect pour le travail accompli quant à la diffusion de l’Aikido.
Ce n’était simplement plus mon chemin.
Les critiques du système
Je ne crois pas qu’un système aille autant critiqué que celui des Dan. Les raisons sont multiples et quasi infinies. Que ce soit les heures de stage à prester, le nombre de stages fédéraux à suivre par rapport aux stages privés, les obligations « politiques » de suivre des stages avec un tel et pas un tel.
Souvent, il y a également une forme de frustration à la base des critiques, par exemple lors de l’échec d’un examen, ce sera de la faute du jury mais pas du pratiquant.
Cela arrive quelques fois mais il faut l’avouer, ce n’est pas une généralité.
Aucun système n’est parfait autant celui qui est très réglementé à celui bon enfant qui distribue des grades à tout venant. C’est ainsi que nous rencontrons parfois des Xème Dan en pensant qu’ils sont 3ème Kyu ou des 2ème Kyu que nous pensons Shodan.
Sans parler des nombreux 8ème et même 9ème Dan de groupes inconnus.
De mon humble avis, si on marque un désaccord quant au système en application dans sa fédération, il vaut mieux quitter en âme et conscience et rechercher si qui convient le mieux, ce évidemment si on accorde une importance aux grades. Mais bien souvent la carotte de l’égo est trop importante pour entreprendre une telle démarche et parfois lorsqu’elle se fait, c’est pour se retrouver dans un système analogue ou alors distributeur à tout va.

Examen Kishinkai

Examen Kishinkai

Le grade et les élèves
Le fait d’avoir un professeur n’attachant pas d’importance aux grades peut-il demotiver les élèves? Peut-être…
Pour ma petite part, j’essaye de les pousser au maximum. Et si moi-même, je ne suis plus trop intéressé, je mets un point d’honneur à ce que mes candidats soient le mieux préparé possible en les entraînant pendant des mois et des jours.
Comme je l’écrivais plus haut, si chaque système a ses particularités, les examens Kishinkai répondent pleinement à mes attentes dans ce sens, et peut-être que cela ne conviendra pas à d’autres, c’est ainsi.
Ce que j’apprécie est que le pratiquant est jugé pour lui-même et est connu des examinateurs puisque que son professeur fait partie du jury et qu’il aura pu discuter avec ses « amis juges » de « son candidat » et des particularités éventuelles.
La richesse technique de l’examen ne laisse pas de place à l’improvisation même si une grande part est laissée au travail libre.
L’approche Kishinkai demande un grand investissement car il n’y pas de théâtre, de faux semblants ou de fausse martialité, il s’agit d’un grand travail sur soi-même, d’une remise en question perpétuelle et plus encore pour les pratiquants venant d’autres écoles car il faut se défaire d’habitudes qui n’ont pas de raison d’être dans notre école. Il ne s’agit pas d’une variante de l’Aikido mais d’une école à part entière. C’est ce qui doit ressortir lors des examens, l’application des principes.
Chez nous, pas d’obligation de stages ni de cartes de stage obligatoires, l’élève sachant de par lui-même ce à quoi il veut arriver et comment y arriver.
Le présentant et son professeur ont en quelque sorte une obligation morale à être prêts pour le jour J.

Délibération

Délibération

Dan et No Dan
Le monde est plein de Dan et encore plus pour les amateurs du net (que je suis 🙂 ) qui voient chaque jour des annonces, des affiches et des évènements en défilement quasi permanent.
Et parfois, on peut mesurer l’ego d’une personne (bien que parfois du fait de l’organisateur) en voyant des affiches aux nombreux titres et avec des abréviations que j’ai parfois du mal à comprendre et qui font référence le plus souvent à des mentions sportives « diplômé de ceci, de cela », « brevet 4ème degré national, régional » et aussi attention « Dejeps » (celui-là j’ai du bien chercher 🙂 ).
Le Dan, symbole de la hiérachie, étant ici épicé d’encore plus en mentionnant un côté sportif. Ce qui me choque un peu car, à mon petit avis, l’Aikido n’est pas un sport mais un art martial traditionnel (encore une fois juste mon avis).
Et je ne vois pas l’intérêt d’être repris dans les catégories « sportives » que ce soit comme pratiquant ou enseignant.
Après chacun est libre de mettre ce qu’il veut mais en bon militant pour le rattachement de notre discipline au Ministère de la Culture plutôt qu’à celui des sports 😉 , je ne suis pas dans cette idée.
Pour conclure, si les fans de Dan sont nombreux, il y a également de nombreux adeptes du contraire comme Hino Sensei, Kono Sensei et d’autres toujours bien étonnés lorsque on leur parle de cela.
Et également des pratiquants et enseignants tous à fait lambda comme moi…

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